Qu'entend-on par Biodiversité ?

Littéralement, « bio-diversité » signifie « diversité du vivant ». Il n'existe donc pas de contradiction possible entre forêt (et par extension gestion forestière) et biodiversité. Cette diversité se ventile en trois principaux niveaux, identifiés par la Convention pour la diversité Biologique de 1992 : la diversité écologique (à l’échelle des écosystèmes), la diversité spécifique (liée aux espèces) et la diversité génétique (relative aux gènes). Le concept de biodiversité concerne l’ensemble des composantes et des variations du monde vivant, ainsi que les interactions qui existent au sein et entre chacun de ces trois niveaux d’organisation.

Biodiversité forêt
La biodiversité en forêt (Tess De Backer © CNPF)

La Biodiversité dans la gestion des forêts privées

  • La forêt des Hauts-de-France couvre 520 460 ha (source : IGN), ce qui en fait l’une des régions les moins forestières de France avec un taux de boisement 16 %. Pour autant, cette forêt est riche et productive et se caractérise par une forte représentation des essences feuillues (charmes, érables, bouleaux, tilleuls, châtaigniers, etc.), dominées généralement par le chêne et le hêtre. Cette diversité d’essences est un atout majeur dans la résilience de nos forêts et la préservation de la biodiversité. Parce qu’elles sont peu représentées, les forêts régionales constituent de véritables réservoirs de biodiversité et des continuités écologiques majeures.

    Majoritairement privée (à 70 %), la forêt des Hauts-de-France bénéficie de la dynamique des quelques 120 000 propriétaires présents dans la région. Parce que ces derniers ont été attentifs à la richesse de ces milieux et à la mise en œuvre d’une gestion forestière durable, les forêts privées de la région hébergent une multitude d’éléments et d’habitats propices à la biodiversité en forêt : bois mort, mares forestières, cours d’eau, diversités d’essences et de couverts, etc.

    Certains de ces milieux ont fait l’objet de classements pour leur qualité écologique, le plus connu étant le réseau européen Natura 2000 (voir rubrique sur les zonages environnementaux).

  • En sa qualité de milieu complexe et diversifié, la forêt abrite de nombreux milieux « associés » qui font partie intégrante de l’écosystème forestier en raison de leur surface réduite et leur interdépendance avec les zones boisées. Ces milieux abritent une faune et une flore bien spécifiques que l’on ne trouve pas dans d’autres écosystèmes et favorisent de manière plus ou moins directe la productivité des peuplements.

    On peut dénombrer trois types de milieux associés « courants » en forêt :

    • Les lisières, qui sont des écotones (=zones de transitions et de contact entre deux écosystèmes différents) particulièrement riches en biodiversité ;
    • Les mares forestières, qui sont des étendues d’eau douce inférieures à 0,5 ha, permanentes ou temporaires, et qui concentrent des enjeux floristiques et faunistiques importants (amphibiens, odonates, flore de milieu humide, etc.) ;
    • Les clairières (et autres espaces ouverts) qui sont des espaces ouverts permanents, d’une surface de 20 à 60 ares en général, riches en ressources alimentaires car caractérisés par la présence majoritaire d’une strate herbacée floricole (accompagnée parfois d’arbustes).

    Retrouvez les publications sur les milieux associés dans la rubrique fiches et brochures techniques de notre site internet.

  • La forêt n’a pas besoin d’être mise sous cloche pour présenter le maximum de biodiversité. Au contraire, la gestion forestière garantit le maintien de milieux diversifiés représentés par des arbres d’âges différents, d’essences variées ou encore de densités plus ou moins fortes. Elle participe également à la conservation des milieux dits annexes à la forêt, tout aussi importants pour la biodiversité (mares, clairières et autres zones ouvertes, lisières).

    Pour améliorer le potentiel d’accueil de biodiversité dans une forêt, des actions simples à mettre en place existent : favorisation de la présence de bois morts, vieillissants et à micro-habitats, conservation du lierre, diversification des traitements sylvicoles, précautions lors des travaux forestiers et de l’exploitation des bois, maintien de l’équilibre sylvo-cynégétique, etc. Ces actions garantissent la résilience des écosystèmes forestiers face aux aléas (tempêtes, sécheresse, ravageurs, etc.) et participent directement ou indirectement à la croissance des arbres : la biodiversité est le support de la productivité forestière.

    N'hésitez pas à consulter la nouvelle brochure "Biodiversité et gestion forestière" du CRPF pour plus d'informations (à retrouver en bas de page)

  • Dans le cadre de politiques, de réglementations ou de directives européennes ou nationales, des zonages environnementaux ont vu le jour pour mettre en valeur et/ou protéger le patrimoine vivant et sensibiliser les populations aux enjeux de préservation de la biodiversité. Ils s’appuient sur des inventaires scientifiques et/ou le constat de la présence d’une ou plusieurs espèce(s) ou habitat(s) rare(s), en danger ou remarquable(s) pour définir les limites d’une zone d’intérêt écologique reconnue par l’Etat ou l’Union Européenne.

    Tous les milieux (aquatiques comme terrestres) peuvent faire l’objet de zonages environnementaux et les forêts, de par leur potentiel fort de réservoirs de biodiversité, sont particulièrement concernées. On peut notamment citer les zonages suivants :

    • Natura 2000 : réseau européen de sites désignés pour préserver les habitats et les espèces dits « d’intérêt communautaire », c’est-à-dire représentatifs de la biodiversité européenne. Ces habitats et ces espèces sont regroupés dans des listes qui constituent des annexes aux directives européennes « oiseaux » et « habitats faune-flore ». L’application de ces directives aboutit sur le terrain à la désignation de ZPS (Zones de Protection Spéciale – pour les oiseaux) et de ZSC (Zones Spéciales de Conservation – pour les habitats) dont la gestion est cadrée par un document d’objectifs (Docob) conçu et suivi par différents acteurs et élus du territoire et animé par une structure aux compétences adaptées (PNR, association naturaliste, syndicat mixte, CRPF, etc.). A noter qu’en France 46 % de la surface du réseau Natura 2000 sont constitués de forêts (source Agreste et IGN, 2020). Outre l’aspect écologique, Natura 2000 prône une gestion équilibrée et durable des espaces qui tienne également compte des préoccupations économiques et sociales des différents territoires sur lesquels il s’étend.
    • Les ZNIEFF : Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique, qui relèvent d’un simple inventaire sans mesures ni contraintes réglementaires. Elles délimitent les zones les plus remarquables en termes de biodiversité et sont des outils d'aide à la décision pour d'autres zonages ou aménagements ;
    • Les RNN/RNR (Réserves Naturelles Nationales et Régionales) : espaces classés pour leurs milieux naturels, leurs espèces animales et végétales et/ou leur patrimoine géologique spécifiques ;
    • Les APPB/APPHN/APPG (Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope / des Habitats Naturels / du Géotope) qui ont pour objectif de prévenir la disparition des espèces protégées, d’habitats ou d’un relief ayant une valeur scientifique, esthétique ou culturelle particulière par la fixation de mesures de conservation et de préservation spécifiques.

    En fonction des zonages (en particulier les sites Natura 2000 et les réserves naturelles), des mesures de gestion existent pour préserver les milieux et les espèces d’intérêt patrimonial. La gestion peut alors se réaliser sous forme contractualisée (contrat/charte).

    A retenir pour les propriétaires forestiers disposant d’un Document de Gestion Durable (DGD) des forêts : en vue de simplifier les démarches administratives, le législateur a prévu dans les articles L 122-7 et L 122-8 du code forestier une procédure coordonnant les instructions des codes forestier, de l’environnement et/ou du patrimoine. En Hauts-de-France, dans le cas de la réglementation Natura 2000, cela se traduit en pratique par une annexe dite « verte », jointe au Schéma Régional de Gestion Sylvicole (SRGS) et qui permet aux propriétaires forestiers d’être dispensés de demandes d’évaluations d’incidence lorsque leur document de gestion est conforme à cette annexe et agréé par le CRPF.

    Pour plus d'informations :

  • Le CRPF dispose de certaines compétences dans le domaine de la biodiversité, qui constitue un enjeu majeur dans la gestion forestière durable. Au-delà des conseils donnés sur le terrain aux propriétaires, plusieurs brochures sont parues et traitent des différents sujets liés à ce thème.

    Le CRPF est également compétent dans la réalisation des Indices de Biodiversité Potentielle (IBP) en forêt privée. L’IBP est un outil d’aide à la décision développé par le CNPF et l’INRAE afin d’évaluer la capacité d’accueil d’une forêt en termes de biodiversité. Simple d’utilisation, il porte à connaissance du gestionnaire ou du propriétaire la faculté des peuplements évalués à accueillir des espèces animales, végétales et fongiques. Les résultats des IBP (scores de 0 à 5) permettent ensuite de donner des clés d’orientation de la gestion forestière en vue d’améliorer la note de certains facteurs (bois morts, diversité d’essences, strates, etc.) et ainsi favoriser l'accueil de biodiversité dans les peuplements.

    • Page dédiée à l'IBP sur le site du CNPF pour retrouver les fiches de relevés et l'ensemble des informations sur cet outil

    Enfin, le CRPF développe de plus en plus ses actions sur la biodiversité à travers les réunions de vulgarisation, les échanges avec les partenaires naturalistes, l’animation des CETEF et des FOGEFOR ou encore l’expérimentation. Sur ce dernier sujet, un réseau de nichoirs à mésanges a été installé sur des placettes en forêt privée pour en étudier les effets à long-terme sur les populations de chenilles processionnaires du chêne.

    Retrouvez toutes les publications du CRPF sur la biodiversité forestière ici.

Faune, flore, fonge et autres organismes liés aux écosystèmes forestiers

Au niveau national, la forêt abrite un grand nombre d’espèces, dont certaines sont exclusivement inféodées aux milieux forestiers. Au sein même des forêts, certains habitats ont une valeur particulière et on estime par exemple que 25 % des espèces animales et végétales strictement forestières dépendent du bois mort (= espèces saproxyliques)

La connaissance des espèces et de leurs habitudes de vie passe majoritairement par leur observation. Moyennant un peu de temps et de curiosité, il est facile d’identifier certaines espèces courantes et d’en associer les milieux où ils semblent se plaire ainsi que leurs rôles dans l’écosystème.

Lucane cerf-volant - CNPF
Lucane cerf-volant (Sylvain Gaudin © CNPF)

A télécharger : la nouvelle édition de la brochure biodiversité du CRPF Hauts-de-France-Normandie

Pour aller plus loin : une boîte à outils pour les espèces à Haute Valeur de Conservation

FSC France propose depuis 2021 une boîte à outils pour la prise en compte des espèces à Haute Valeur de Conservation (HVC). Réalisée en partenariat avec WWF France et International Paper, elle est composée de différents éléments permettant de synthétiser les informations et les recommandations sylvicoles pour préserver au mieux ces espèces (fiches espèces, indicateurs de suivi, guide de terrain, outils de gestion, etc.).

La boîte à outils est disponible au lien ci-après :